Ce fut au milieu de toutes les scènes héroïques et galantes de L’Île enchantée, où le jeune roi paraissait lui-même sous l’armure de Roger, et s’abreuvait à longs traits des doux poisons de la flatterie et de la volupté, que le poète sollicita la permission de faire représenter les trois premiers actes d’une comédie qui n’était pas encore achevée, mais dont il désirait soumettre l’essai au jugement et à l’approbation du prince. […] « Il est vrai qu’il y a quelque chose de galant dans les ouvrages de Molière, et je serais bien fâché de lui ravir l’estime qu’il s’est acquise ; il faut tomber d’accord que s’il réussit mal à la comédie, il a quelque talent pour la farce ; et quoiqu’il n’ait ni les rencontres de Gauthier-Garguille, ni les impromptus de Turlupin, ni la bravoure du Capitan, ni la naïveté de Jodelet, ni la panse de Gros-Guillaume, ni la science du docteur, il ne laisse pas de plaire quelquefois et de divertir en son genre. […] Ce n’est point assez que le feu expie en public mon offense, j’en serais quitte à trop bon marché ; le zèle charitable de ce galant homme de bien n’a garde de demeurer là ; il ne veut point que j’aie de miséricorde auprès de Dieu, il veut absolument que je sois damné, c’est une affaire résolue.