L’un, robin pédant, galant et fade, mêle, dans ses billets doux, les expressions du Digeste à celles de L’Astrée ; sentant l’énorme distance qui sépare un homme de robe de la veuve d’un noble d’épée, il adore, en gémissant, les rigueurs d’une tigresse qui n’a que trois amants, dont un la paie. […] De Visé, dans son Mercure galant, rendant compte de la première représentation, dit que, deux jours auparavant, Molière s’en était suffisamment justifié par une harangue qu’il fit au public . […] Chassée pour un solécisme, elle ne comprend pas un mot dieu merci, à la querelle qu’on lui fait : mais elle sait très bien, elle dit très bien aussi, qu’une servante qui fait son devoir ne doit pas être renvoyée ; qu’un mari qui n’est pas le tyran de sa femme, ne doit pas être pour cela son esclave, et qu’une jeune fille, recherchée par un galant homme qu’elle aime, ne doit pas être sacrifiée à un pédant qu’elle déteste. […] Toinette, servante dévouée, mais franche et familière jusqu’à l’insolence, n’ayant d’autre intérêt que celui de ses maîtres, d’autre passion que le zèle du bon droit et du bon sens, se moquant librement d’Argan, parce qu’il est ridicule et qu’elle lui est nécessaire, opposée par droiture à Béline, malgré tout le mal qu’elle en doit craindre et tout le bien qu’elle en peut espérer, et attachée au parti d’Angélique, parce qu’elle est doublement indignée qu’on veuille l’enlever à un galant homme pour la donner à un sot, et la dépouiller de son bien pour en enrichir une étrangère ; Toinette est, comme on dit en peinture, une répétition de la Dorine du Tartuffe ; elle agit et parle de même dans des circonstances toutes semblables : il n’y a que le nom de changé.