Enfin, il est impossible qu’un homme d’un grand esprit, un profond observateur de l’humanité, n’ait point des principes qui percent dans ses œuvres, et ne tire point continuellement une espèce de morale de l’observation pénétrante qui est la source vive où puise son génie. […] C’est en cela que le génie est créateur, quand il compose pour plaire quelque figure idéale, conforme à l’humanité, mais différente d’elle pourtant. […] Elle voudrait n’offrir qu’un spectacle divertissant, et elle apporte un enseignement tacite qui s’insinue sans qu’on le sente, et s’établit silencieusement dans l’esprit par la force dominatrice du génie. […] D’ailleurs, pour des hommes d’un tel génie, leurs œuvres, c’est eux-mêmes : ils ne sont point des déclamateurs ; c’est avec leur cœur qu’ils écrivent. […] Après son immense influence, ce qui doit surtout nous frapper dans Molière, c’est le bon sens : le bon sens est le caractère saillant de son génie.