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141. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

Ce sont là de ces traits où l’art seul ne peut rien, si l’on n’est inspiré par le génie, & guidé par le bon goût. […] Le peu qui nous en reste, suffit pour nous faire admirer la fécondité & l’étenduë du génie de Moliére, qui sçavoit se plier en tant de maniéres, & se prêter à tous les genres. […] A considérer le nombre des ouvrages57 que Moliere a composés dans l’espace d’environ vingt années, au milieu de tant d’occupations différentes qui faisoient partie de ses devoirs, on croira plûtôt, avec Despreaux,58 que la rime venoit le chercher, qu’on n’ajoutera foi à ce qu’avance un auteur,59 que Moliere travailloit difficilement : & l’on y admirera ce génie vaste, dont la fécondité cultivée & enrichie par une étude continuelle de la nature, a enfanté tant de chef-d’œuvres. […] Si on lui a reproché de s’être répété quelquefois, comme dans la scéne60 des deux marquis du misantrope, imitée en partie de celle61 de Valere & d’Eraste dans le dépit amoureux ; si Clitandre, dans l’amour médecin,62 produit à peu près le même incident qu’Adraste dans le sicilien,63 on peut du moins, dans la comparaison de ces scénes, remarquer le progrès du génie & des talens de Moliere.

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