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174. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Les preuves pour le démontrer ne nous feront pas défaut, comme on le Verra ; mais avant de les produire, nous devons revenir sur les deux grands ouvrages cités plus haut, Les Comédiens et L’Ecole des Vieillards, les meilleurs, peut-être, qu’on ait donnés depuis Turcaret et La Métromanie, et qui, malgré quelques défauts que nous devons signaler ici dans l’intérêt de notre recherche, resteront sans aucun doute, avec ceux des maîtres, au répertoire de la scène française. […] Scribe où l’on pourrait apprécier son talent de peintre observateur ; c’est d’autant moins notre intention que, dans la période suivante, nous aurons à parler avec détails de beaucoup d’autres de ses ouvrages plus importants, représentés sur la scène française depuis 1830. […] Mais son talent a pris tout son essor; et ce n’est plus par de brillantes esquisses applaudies sur nos petits théâtres qu’il le signale, mais bien par des tableaux de grandes dimensions, des comédies en cinq actes accueillies favorablement sur la scène française. […] Prôné, exalté par les romantiques et par tous les organes de la presse, il avait envahi nos théâtres et fait irruption jusque sur la scène française. […] , Fénelon s’y méprend aussi, et, comme Jean-Jacques, il jette son blâme à Molière : « Un autre défaut de Molière (dit-il dans sa lettre à l’Académie française), que beaucoup de gens d’esprit lui pardonnent et que je n’ai garde de lui pardonner, est qu’il a donné un tour gracieux au vice, avec une austérité ridicule et odieuse à la vertu. » Le duc de Montausier, à qui l’on disait que Molière l’avait eu en vue en composant son Misanthrope, répondit « que rien ne pouvait le flatter davantage, et qu’il souhaiterait d’être assez vertueux pour lui ressembler. » Si on lui eût dit que c’était au personnage de Philinte qu’il avait servi de modèle, il est à parier qu’il n’eût pas fait la même réponse.

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