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93. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Ici madame de Tencin, la digne sœur de son frère, et quelque chose de pis, a fait jouer Le Complaisant, en cinq actes ; là Marmontel, ce vaniteux gonflé de vent, ce belître Normand qui s’était fait le patient de mademoiselle Clairon, a donné Denis le Tyran ; plus loin monsieur Bret a fait jouer, huit fois, L’École amoureuse ; je vois sur cette liste incroyable (eh ! […] Son frère est un des soldats du grand-duc ; il prend l’habit de son frère. […] Molière lui-même les décrit en cent endroits de ses comédies ; rappelez-vous d’abord les vers de Sganarelle dans L’École des maris, quand Sganarelle dit à son frère : Voulez-vous des muguets m’inspirer les manières, M’obliger à porter de ces petits chapeaux Qui laissent éventer leurs débiles cerveaux ; Et de ces blonds cheveux de qui la vaste enflure Des visages humains offusque la figure ; De ces petits pourpoints sous les bras se perdants, Et de ces grands collets jusqu’au nombril pendants ; De ces manches qu’à table on voit tâter les sauces, Et de ces cotillons qu’on nomme haut-de-chausses ; De ces souliers mignons de rubans revêtus Qui vous font ressembler à des pigeons pattus, Et de ces grands canons où, comme en des entraves, On met tous les matins ses deux jambes esclaves, Et par qui nous voyons ces messieurs les galants Marcher écarquillés ainsi que des volants ? […] Don Juan, quand il insulte une femme, voit au moins les frères de cette femme venir lui demander raison de leur honneur ; nos chevaliers d’industrie n’ont pas à redouter le plus petit duel.

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