Là-dessus, non sans quelque raison ou non sans quelque apparence de raison, les adversaires de Molière se lèvent et disent : « Ne voyez-vous pas que dans Tartuffe ce n’est pas Tartuffe que Molière attaque, c’est Orgon, et, par conséquent, c’est la religion, c’est Orgon, qui, parce qu’il est pieux, tombe dans la domination et sous l’empire d’un coquin simulateur de piété ; qui, parce qu’il est pieux et parce qu’on lui fait peur de l’enfer, devient stupide d’abord, de plus devient insensible à tout ce qui n’est pas religion, c’est-à-dire à ses amis, à ses concitoyens, à sa famille (« et je verrais mourir frère, enfants, mère et femme… » ; devient enfin méchant, maudit son fils, force sa fille à se marier contre son gré, devient enfin aussi « abominable homme » que Tartuffe lui-même ! […] Et c’est bien pour cela que son frère, en bon dialecticien, combattant sa passion par sa passion même, lui représente qu’avec toutes ses drogues il risque d’abréger ses jours : « Une grande marque que vous vous portez bien et que vous avez un corps parfaitement bien composé, c’est qu’avec tous les soins que vous avez pris, vous n’avez pu parvenir encore à gâter la bonté de votre tempérament et que vous n’êtes point crevé de toutes les médecines qu’on vous a fait prendre… Si vous n’y prenez garde, M.