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105. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Car son cœur valut son imagination ; et, si le comique est la forme de son génie, le bon sens, la raison la plus pure en est le fond et la substance. […] La fierté, la franchise, la délicatesse, la raideur d’une probité scrupuleuse, l’abondance expansive d’une âme sympathique, le culte de l’honneur, en un mot, les qualités les plus rares, voilà le fond de son caractère. […] Parmi les sœurs de Célimène, signalons Elmire, la femme d’Orgon, qui, elle aussi, mène grand train, a le goût de la toilette, se pare comme une princesse, et sollicite volontiers l’attention, mais en tout bien tout honneur ; car ce brillant n’est ici que la part de la jeunesse : au fond, elle reste honnête, naturelle et simple ; sa tête est calme, et sa raison droite ; elle ne trompera que l’hypocrite. […] Or, les occasions de trébucher ne failliront point à un cafard que travaillent des convoitises grossières ; car le bénin, qui tourne au suave quand il le faut, n’a employé les cajoleries que pour dominer des sots ; mais, au fond, c’est un violent, tourmenté par des appétits qui vont faire explosion. […] Au fond, c’est un cœur sec, un vieux garçon.

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