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26. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

Don Juan eût fait fureur aux soupers du régent, et les débauchés du Palais-Royal eussent admiré et copié, comme leur maître à tous, ce vicieux si élégant, si poli, si froid, si égoïste, si incrédule ; il a au suprême degré une noble qualité, la bravoure audacieuse, ‘ qui reste encore debout dans les âmes françaises les plus dévastées par le vice ; et il est bien près de sa fin, quand cette dernière trace de la vertu oubliée, le point d’honneur, disparaît après tout le reste. […] Il est déjà très corrompu au commencement du premier acte ; et pourtant, à mesure que le drame se développe, on voit sa corruption croître tellement, qu’il est impossible que ce spectacle ne fasse pas réfléchir à celte mystérieuse vérité morale, qu’une chaîne indissoluble lie tous les vices, et force presque nécessairement à rouler jusqu’en bas celui qui a commencé à descendre cette pente, insensible d’abord, qui devient un précipice à la fin : Dans le crime il suffit qu’une fois on débute : Une chute toujours attire une autre chute ; L’honneur est comme une île escarpée et sans bords : On n’y peut plus rentrer dès qu’on en est dehors43. […] D’ailleurs don Juan se fait Tartuffe à la fin, et il est incrédule en médecine : c’était s’attirer trop d’ennemis à la fois. […] Plaute, Aulularia, v. 637 ad fin. […] I, à la fin.

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