Mais quand, dans le reste de la scene, Micio a la patience de se dire à lui-même que ce fils n’est pas son fils, qu’il est à son frere, que ce frere a une humeur tout-à-fait opposée à la sienne ; que lui Micio a toujours vécu à la ville d’une maniere douce & tranquille, qu’il a pris le parti des gens qui aiment le repos & qui font consister le bonheur à ne pas se marier ; que son frere au contraire a passé ses jours à la campagne, qu’il a pris une femme dont il a eu deux fils : quand Micio se dit qu’il a adopté l’aîné ; quand il se fait une récapitulation de tout ce qu’il lui donne, des bontés qu’il a pour lui, des querelles qu’il essuie de son frere par rapport à cela, &c. quand il a la bonté de se régaler de quarante-cinq vers pour se rappeller tranquillement une chose qu’il n’a surement pas oubliée, je m’écrie, voilà qui n’est pas vraisemblable ; &, d’après cela, je conclus hardiment que l’exposition est mauvaise. […] Il l’instruit enfin des moyens qu’il veut employer pour savoir s’il doit quereller son fils ou non. […] Il le semble d’abord, puisqu’il le charge d’épier la conduite de son fils, & de lui faire une fausse confidence ; mais c’est un prétexte de l’Auteur. […] vraiment, tout cela n’est rien au prix du fils ; Et si vous l’aviez vu, vous diriez, c’est bien pis. […] Ce fils de Zanobio Ruberti annoncé seulement au quatrieme acte, fait tout le sujet du cinquieme, & se trouve intéressé au dénouement ; il méritoit bien que l’Auteur fît mention de lui dès le commencement de la piece.