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127. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Ils sont dans la première ferveur de cet amour, qui eût tant fait pardonner à Louis, s’il ne l’eût trahi ; il en naîtra l’année prochaine un fils, à la venue duquel assistera pieusement Colbert. […] Mais nous sommes devenus meilleurs, Dieu merci, Villiers écrivit la Vengeance des Marquis, encore un méchant petit acte insupportable ; et Montfleury le fils, à l’instar de Rodrigue, épousant la querelle de son père, un peu écorné par Molière, lança l’Impromptu de l’Hôtel de Condé, où il y a quelque talent : c’est de là qu’on tire le portrait, si souvent cité, de Molière dans les rôles tragiques, le nez au vent, la tête sur le dos, la perruque pleine de lauriers comme un jambon de Mayence. […] On peut dire, j’en conviens, que pour être grand, l’honneur n’était pas très rare : et que le fils d’Arlequin aussi fut le filleul de Louis XIV ; on peut ajouter, je ne l’ignore pas non plus, qu’en protégeant Molière, Louis XIV, à qui échappait l’ampleur de son génie, avait en vue surtout l’infatigable inventeur d’intermèdes et de ballets, qui contribuait si admirablement à l’éclat des fêtes de Versailles ; mais quels qu’en fussent les motifs, cette protection du roi couvrant le comédien si venimeusement accusé fait honneur à tous deux : et la postérité ne doit pas trop la chicaner, puisque c’est à elle que nous devons cet éternel bienfait : à savoir, moins de trois mois après, l’apparition du Tartufe (mai 1664). […] Il y a quelque temps, je voyais dans un roman de Claretie, d’ailleurs intéressant, Le troisième dessous, le récit de la mort d’un grand acteur, et ce grand acteur, au moment suprême est peint rassemblant ses forces défaillantes pour donner à son fils, acteur aussi, une leçon sur Arnolphe ; il lui apprend à le jouer au tragique, à quoi la circonstance l’aide beaucoup ; il meurt ensuite, extrêmement satisfait. […] Et alors serait possible cette suite de l’École des Femmes, la Revanche d’Arnolphe, qu’on assure avoir été rêvée par Dumas fils.

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