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188. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

. — Et quand il fait agenouiller Arnolphe aux pieds d’Agnès, qu’il humilie devant cette petite fille toute la science de l’homme qui a vécu et toute la passion, quasi paternelle, de l’homme qui aime, et que la petite est impitoyable, et que c’est en vain qu’Arnolphe s’arrache un côté de cheveux, Molière ne veut pas qu’on s’attendrisse, et comme c’est lui qui joue le rôle « ses roulements d’yeux extravagants, ses soupirs ridicules, ses larmes niaises font éclater de rire tout le monde ». […] Femme de tête (elle était fille d’huissier), économe, active, ne s’effrayant pas d’un procès, administrant la comédie errante, sachant les vers, rajustant les vieilles pièces, en composant peut-être de nouvelles, — maîtresse acariâtre parfois, mais amie fidèle, — telle fut celle qu’on peut appeler proprement la compagne de Molière. […] Loiseleur, ce nom-là n’est qu’un sobriquet, le pseudonyme de la toute jeune Armande, la soi-disant sœur de Madeleine, plus probablement sa fille, née de quelque caprice que la dame tenait à cacher. […] C’est donc pur contre-sens de la pousser au drame et de donner à Alceste les amertumes tragiques, les fureurs jalouses d’Othello, souffletant Desdémone ou la payant comme une fille avant de l’étouffer.

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