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250. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

Les saintes femmes, dans le dessein d’embaumer le corps du Sauveur, vont faire emplette de parfums chez l’épicier du coin, qui ne manque point de les surfaire. […] Notre auteur de Mystères n’en est pas plus embarrassé que de la mer Rouge et du reste : « Ici, dit-il, surmonteront les eaux tout le lieu où l’on joue les Mystères, et y pourra avoir plusieurs hommes et femmes qui feront semblant d’eux noyer. » Quand nous sommes à Moïse gardant les troupeaux de Jéthro et au Buisson ardent, nous trouvons cette mention : « Ici fault un Désert. » L’auteur n’indique pas comment se fait ce Désert : il paraît qu’il y en avait en magasin. […] J’ai souvent admiré ce chef-d’œuvre de sculpture, ces saintes femmes soutenant le corps allangui du Christ expiré, et je ne puis m’empêcher d’y retrouver la reproduction de l’une des scènes les plus touchantes du Mystère de Metz. […] Cependant la misère est au logis, sa femme et lui n’ont plus que loques pour se vêtir ; comment, sans argent, renouveler la garde-robe ? […] Rentré chez lui, Patelin fait la leçon à sa femme Guillemette et, quand le drapier, tout alléché d’une prétendue oie en train de rôtir et d’un prétendu vin d’ami dont son client lui a fait fête, vient pour toucher son argent, et faire en même temps un bon repas, il ne trouve que Guillemette en larmes, et le mari agonisant en sa couche.

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