La Dame, en qualité de femme, pousse contre lui la haine au dernier point : aussi Nérine, sa suivante, lui dit-elle, pour lui faire sa cour : Oui, oui, la haine seule est digne d’un grand cœur ; Aussi bien que l’amour, la haine a sa douceur. Un fiel bien ménagé coule de veine en veine, Part du cœur, y retourne, ou fait filer la haine A longs traits, avec art, comme l’amour enfin, Chez les femmes sur-tout, où le plaisir malin Prend racine, s’étend : la terre en est si bonne ! […] D’ailleurs, d’avoir aimé femme sage a regret ; Mais sans aucun remords la vertueuse hait. […] Ce même Pourceaugnac est persécuté par une Languedocienne & une Picarde qui se disent ses femmes, & se disputent le plaisir de le faire pendre ; mais leur patois & leurs habits nous indiquent seulement leurs provinces43. […] Ce sont des especes d’incursions permises, à la vérité, mais indépendamment du vice inséparable des pieces qui nous offrent des mœurs étrangeres, comme nous l’a prouvé dans ce même article M. l’Abbé Dubos : « Il y a encore deux choses à craindre : la premiere que le poëte n’imite ces peintres qui peignent une belle femme d’idée, sur le rapport qu’on leur aura fait de sa beauté, ou après ne l’avoir vue qu’en passant.