La piece à caractere qui paroît, au premier coup d’œil, pouvoir se passer plus facilement d’une intrigue amoureuse, est le Méchant ; cependant quelles méchancetés décelent mieux l’affreux caractere d’un homme, que celles qu’il fait lâchement à une femme qui l’aime, & celles qu’il inspire à cette même femme, en se servant de l’empire que l’amour lui donne sur son cœur ? […] Les femmes, me répondra-t-on. […] Dans le troisieme acte du Cocu imaginaire, Lélie & Célie se parlent de leur amour ; mais leur scene est très piquante, puisque Lélie croit Célie mariée à Sganarelle, que d’un autre côté Célie croît Lélie amoureux de la femme de Sganarelle, & qu’ils se reprochent réciproquement leur infidélité, lorsque Sganarelle, en paroissant, les confirme dans leur erreur : tout cela réuni donne à la scene le comique le plus singulier, & fait toujours marcher l’intrigue. […] Vous savez bien où le bât me fait mal ; Mais votre conscience & le soin de votre ame Vous devroient mettre aux yeux que ma femme est ma femme, Et, vouloir à ma barbe en faire votre bien, Que ce n’est point du tout agir en bon chrétien.