Il eut des démêlés avec le parti dévot et avec la magistrature pour Don Juan, dont on lui fit retrancher la fameuse scène du pauvre, et pour Tartuffe, dont le Premier Président Lamoignon retarda longtemps la première représentation, que le Roi finit par permettre. […] Je n’irai point jusqu’à assurer que Molière a mis en pratique sa fameuse maxime : Il faut mettre le poids d’une vie exemplaire Dans les corrections qu’aux autres on veut faire, car sa vie ne fait pas exemplaire pleinement ; mais encore ce grand fléau du ridicule, comme Ta appelé La Bruyère, pouvait frapper sur les ridicules sans s’atteindre et sans que le bout du bâton le touchât, comme Scapin prétendait être touché. […] L’un des deux personnages principaux, Tartuffe ne paraît qu’au troisième acte et sans doute l’attente qu’on a de lui augmente l’effet de son apparition sur le théâtre ; mais encore est-il que cette attente est un peu prolongée et donne quelque impatience, ce qu’il faut toujours éviter au théâtre, Molière se défend sur ce point dans sa fameuse Préface en disant qu’il a voulu « mettre tout son art et tons ses soins pour bien distinguer le personnage de l’hypocrite d’avec celui du vrai dévot et qu’il a employé deux actes entiers à préparer la venue de son scélérat ». […] Quant à la fameuse scène du pauvre, « voyez, disent les défenseurs de Molière, comme Molière respecte et presque exalte la religion, puisqu’il donne évidemment le beau rôle à l’homme du peuple pieux, au pauvre qui aime mieux mourir de faim que de renier Dieu » « Voyez, disent les critiques de Molière, comme Molière donne le beau rôle à Don Juan qui, quoique ayant l’infériorité dans sa querelle avec le pauvre, quoique vaincu par lui, lui donne cependant un louis « par amour de l’humanité ». […] C’est pour cela qu’il a été l’ennemi des fameuses régies, ou plutôt qu’il les a prises, et cela est une vue extrêmement juste, à mon avis, pour des avertissements d’un caractère tout négatif.