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82. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

— Voyons cela ; donnez-moi la comédie ; les femmes sont faciles, les maris bénins ; vous avez fait des cocus, hé ? […] Les marquis, raillés par Molière, se montrèrent pourtant gens d’esprit ; ils rirent, et toutes les excitations des précieuses ne purent déterminer ces turlupins contents d’eux-mêmes à bâtonner l’impertinent ; mais les auteurs ne furent pas de si facile composition. […] « Tout dire., tout indiquer, tout accentuer, tout faire entendre, exprimer l’homme tout entier, son éducation, ses travers, ses passions, avec ce souffle de la voix si uni, si égal en apparence, si merveilleux en réalité, si insaisissable dans la délicatesse de ses nuances qu’il n’existe pas de notation pour elles et qu’aucun instrument artificiel ne saurait les exécuter : c’était là qu’il voyait la perfection de son art, la science exquise du véritable comédien français1 » Il affectait de dédaigner les autres parties de l’acteur, estimant que la diction les peut remplacer, tandis que rien ne la remplace ; il trouvait d’un art grossier, par exemple, ces recettes faciles pour provoquer  le rire, les entrées étourdissantes, les lazzi, les répétitions de mots, comme s’en permettait Monrose ; Monrose disait :          Et si dans la province Il se donnait en tout vingt coups de nerf de bœuf, Mon père pour sa part en emboursait dix-neuf.

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