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188. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Scarron, qui mourut quelques mois après, constate cette vogue à sa façon par un vers burlesque de son Testament 39. […] « C’est le duc, madame », répondit la spirituelle interlocutrice, et l’on ne dit pas que la demande, qui passerait aujourd’hui pour licencieuse dans la bouche d’une femme, ait en aucune façon choqué la cour et le Roi, et les ait empêchés d’applaudir à la repartie. […] Ces traits n’ont rien de bien méchant, mais il put bien échapper à Molière quelque sourire de mépris, quelque mouvement de dédain, quand il vit Boursault, dans sa scène iv, faire confirmer par un de ses personnages le bruit calomnieux que l’auteur de La Critique de l’École des femmes avait fait imprimer une clef des noms véritables que couvraient ceux des personnages de sa pièce ; puis, dans sa scène vii, l’accuser d’avoir voulu faire dans son École la satire de la prédication religieuse, ajoutant : Et de quelque façon que le sens en soit pris, Pour ce que l’on respecte on n’a point de mépris. […] Molière décida qu’il fallait conserver la première façon : Elle est, lui dit-il, la plus naturelle ; et il faut sacrifier toute régularité à la justesse de l’expression ; c’est l’art même qui doit nous apprendre à nous affranchir des règles de l’art. » Boileau, frappé de la justesse de l’observation, la mit en vers dans le quatrième chant de l’Art poétique : Quelquefois, dans sa course, un esprit vigoureux, Trop resserré par l’art, sort des règles prescrites, Et de l’art même apprend à franchir les limites. […] L’on sait qu’il se vante hautement qu’il fera paraître son Tartuffe d’une façon ou d’autre, et que le déplaisir que cette grande reine en a témoigné n’a pu faire impression sur son esprit ni mettre des bornes à son insolence.

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