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112. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Molière s’acquit beaucoup de réputation dans cette Province, par les trois premières Pièces de sa façon qu’il fit paraître ; l’Étourdi, le Dépit amoureux, et les Précieuses ridicules. […] Il en avait un magasin d’ébauchés par la quantité de petites farces qu’il avait hasardées dans les Provinces ; et la Cour et la Ville lui présentaient tous les jours des originaux de tant de façons, qu’il ne pouvait s’empêcher de travailler de lui-même sur ceux qui frappaient le plus. […] Ils poursuivaient un procès en son nom : leur avocat, qui se nommait Margane, aimait beaucoup à faire de méchants vers : une pièce de sa façon intitulée, la Nymphe dodue, qui courait parmi le Peuple, faisait assez connaître la mauvaise disposition qu’il avait pour la Poésie. […] Toute la Cour trouva ces vers très beaux, et tout d’une voix les donna à Benserade, qui ne fit point de façon d’en recevoir les compliments, sans néanmoins se livrer trop imprudemment. […] Baron animé ne fit pas de façon de soutenir sa thèse qui dégénéra en invectives ; et ils en étaient presque aux mains derrière le théâtre, quand Molière arriva ; et qui après les avoir séparés, et s’être fait rendre conte du sujet de la querelle, dit à Baron qu’il avait grand tort de dire du mal de R… à Mr P… ; qu’il savait bien que c’était son ami, et que c’était pour un jeune homme trop s’écarter de la Politesse.

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