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141. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

D’autre part, La Grange et Vinot, en publiant, sous les yeux de la veuve de Molière, un autre- texte que celui de Jean Sambix, s’expriment ainsi dans leur préface : Cette comédie est corrigée, sur l’original de l’auteur, de toutes les fausses additions et suppositions de scènes entières faites dans les éditions précédentes . […] aussitôt un commentateur se hâte de vous apprendre que Molière s’est servi du mot gent, gente, pour gentil, gentille, explication qui ne donne aucune idée du sens de ce vieux mot, dont La Bruyère regrettait la perte, et qui exprime à la fois la légèreté dans la taille, la noblesse de la tournure, et la propreté et l’élégance dans les vêtements8. […] Quand je la vois, une émotion et des transports qu’on peut sentir, mais qu’on ne saurait exprimer, m’ôtent l’usage de la réflexion ; je n’ai plus d’yeux pour ses défauts ; il m’en reste seulement pour tout ce qu’elle a d’aimable : n’est-ce pas là le dernier point de la folie ? […] Au contraire, dans les commencements, même dans la province, il paraissait mauvais comédien à bien des gens ; peut-être à cause d’un hoquet ou tic de gorge qu’il avait, et qui rendait d’abord son jeu désagréable à ceux qui ne le connaissaient pas : mais pour peu que l’on fit attention à la délicatesse avec laquelle il entrait dans un caractère et il exprimait un sentiment, on convenait qu’il entendait parfaitement l’art de la déclamation.

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