/ 150
137. (1802) Études sur Molière pp. -355

L’on s’explique enfin, l’oncle abandonne ses prétentions, le neveu rend l’or, le père touché, lui fait présent de sa fortune et de sa fille. […] Faute d’entendre l’italien, ou de s’être fait expliquer ces mots, piglia losu , qui veulent dire, prenez-le vite, il les prononça constamment avec l’air, le ton et l’acharnement d’un homme qui s’amuse à voir battre des dogues, et qui veut les exciter en leur criant avec force, pille, pille  ; personne ne s’aperçut de ce trait d’ignorance, on applaudit beaucoup. […] Dans la superbe scène qui suit celle-ci, Carlos s’explique en ces termes avec ses trois rivaux : De cet anneau dépend le diadème, Il vaut bien un combat, vous avez tous du cœur, Et je le garde. — À qui, Carlos ? […] Dites que nous voudrions nous le persuader, nous tous qui avons vieilli avec un tel, et qui trouvons notre compte à nous étourdir sur notre âge, comme lui sur le sien ; je demande à tous les messieurs un tel, à toutes les dames une telle, qui, déjà loin de leur printemps, Prétendent remonter le torrent de la vie, s’ils osent réellement espérer que le prestige de la parure et du pastel leur rendra la taille, la tournure, le ton, l’accent, l’amabilité, les grâces, l’aimable désordre, la séduisante déraison de la jeunesse, Et ces, je ne sais quoi, qu’on ne peut expliquer ?

/ 150