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179. (1802) Études sur Molière pp. -355

Une histoire non écrite, mais qui, passant de bouche en bouche, transmise d’exemple en exemple, doit conserver à la postérité la plus reculée la manière dont les merveilles de l’art furent rendues d’après les avis et sous les yeux du génie qui les enfanta. […] Outre la manière de sentir, de débiter les vers, la pantomime et les lazzis sont encore du ressort de la tradition, nombre de personnes ne la connaissent même que sous ce dernier rapport ; aussi les auteurs ont-ils pris soin d’indiquer les jeux de théâtre les plus importants, et ce n’est pas sans danger qu’on s’en fie à l’exemple pour ceux qu’ils n’ont pas prescrits. […] Molière, apprends-nous par quel art inconcevable tu sus forcer tes rivaux à te prodiguer publiquement des éloges, et à suivre en cela l’exemple même de Devisé, qui, pour faire oublier ses torts envers toi, imprima à la suite du Misanthrope, une apologie très étendue de ce chef- d’œuvre ; il fut donné sur le théâtre du Palais-Royal, le 4 juin. […] Continuons ; si je jouais ce rôle, et que, séduit par l’exemple, je crusse le bien remplir en m’y montrant impatient, bourru, même brutal, les mille et mille détours employés pour faire sentir à Oronte que son sonnet est mauvais ne cessent-ils pas d’être vraisemblables ? […] Molière nous a sauvé l’exemple d’un enfant de famille qui vole un étui d’or.

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