Il est vrai que les canevas italiens et les romans espagnols t’ont guidé dans l’intrigue de tes premières pièces; que, dans ton excellente farce de Scapin, tu as pris à Cyrano le seul trait comique qui se trouve chez lui; que, dans le Tartufe, tu as mis a profit un passage de Scarron ; que l’idée principale du sujet de L’ Ecole des Femmes est tirée aussi d’une Nouvelle du même auteur; que, dans le Misanthrope, tu as traduit une douzaine de vers de Lucrèce; mais toutes tes grandes productions t’appartiennent, et surtout l’esprit général qui les distingue n’est qu’à toi. […] Chaque scène est une situation, et l’on a entendu dire à un avare de bonne foi qu’il y avait beaucoup à profiter dans cet ouvrage, et qu’on en pouvait tirer d’excellents principes d’économie. […] Les crispins de Regnard, les paysans de Dancourt, font rire au théâtre; Dufresny étincelle d’esprit dans sa tournure originale; le Joueur et le Légataire sont d’excellentes comédies ; le Glorieux, la Métromanie et le Méchant, ont des beautés d’un autre ordre, mais rien de tout cela n’est Molière : il a un trait de physionomie qu’on n’attrape point: on le retrouve jusque dans ses moindres farces, qui ont toujours un fond de vérité et de morale. […] Enfin, il y a le rire né de cet excellent comique qui montre le ridicule de nos faiblesses et de nos travers, et qui fait qu’après avoir ri de bon cœur, on dit à part soi : Que cela est vrai! […] Quand on entend cet excellent dialogue entre Alceste et Philinte : PHILINTE.