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3. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Pieces à scenes détachées, dans lesquelles une Divinité préside. » pp. 61-74

Un Gentilhomme de province qui passoit sa vie à tourmenter ses vassaux, un ambitieux, une capricieuse, un fastueux, un faux politique viennent tour à tour parler à la Vérité, qui leur donne des conseils excellents : nous nous contenterons de rapporter les fables qu’elle débite à l’ambitieux qui veut quitter ses terres pour aller à la Cour, & à la capricieuse qui ne cesse de tourmenter son amant, & qui craint cependant de le perdre. […] Les pieces de cette espece sont beaucoup plus morales, plus philosophiques, & peuvent être plus long-temps à la mode que celles de la premiere classe, puisqu’elles font la satyre des mœurs, des caracteres vicieux, qu’elles y joignent des leçons excellentes, & que le cœur de l’homme varie bien moins que son esprit ; mais elles sont nécessairement plus froides, plus monotones. […] J’ai cité de préférence cette piece, non qu’elle soit parfaite dans son espece, puisque malgré le champ vaste qui se présentoit à l’Auteur, ses acteurs n’y font que lire des titres ou des almanachs, ce qui rend les épigrammes très monotones, & ennuyeuses par conséquent, puisque la Divinité qui est censée être l’héroïne de la piece, & qui pourroit dire les choses les plus fines, les plus ingénieuses, n’y dit rien ; puisqu’enfin la partie morale, qui devroit être excellente dans un siecle où les choses les plus sérieuses sont du ressort de la frivolité, se réduit à sept à huit vers, excellents à la vérité, mais ridicules dans la bouche du Chevalier avec le caractere duquel ils jurent.

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