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15. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IV. Jugement sur les Hommes de Molière. » pp. 65-82

  Ce n’est pas une fois que Molière a mis sur le théâtre ces conduites criminelles, fardées sous l’excellent comique de sa verve intarissable, et rendues excusables en apparence par le caractère de ceux contre qui elles sont dirigées. […] Dans toute la suite de la pièce, le ridicule excellent dont est couvert M. de Pourceaugnac fait qu’aux yeux du spectateur Sbrigani a raison, toujours raison, dans toutes les entreprises de son infâme industrie ; et, à la fin, on est si bien pris au charme de cette joyeuse corruption, qu’on entend sans indignation chanter par toute la troupe : Ne songeons qu’à nous réjouir : La grande affaire est le plaisir257 ! […] Quand on se demande quel est l’honnête homme de Molière, on se dit qu’en somme c’est celui qui fuit tous les vices, qui évite tous les travers condamnés et flagellés dans tant de comédies excellentes ; et qui sait, comme le Clitandre des Femmes savantes, à toutes les qualités de la fortune270, de l’esprit271, de la naissance272, joindre des mœurs pures, une probité intacte273, une franchise pleine d’honneur274, une bienveillance indulgente275, une tendresse de cœur élevée276, un dévouement et un désintéressement absolus277.

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