Dandin, alarmé, sort pour voir si sa femme auroit eu réellement la malice de se tuer : il ne trouve personne, veut rentrer ; mais Angélique & Claudine, sa suivante, se sont glissées adroitement dans la maison, se mettent à la fenêtre, accablent le malheureux Dandin d’injures, le font passer pour un ivrogne, un coureur de nuit, un libertin, dans l’esprit de M. […] Tofan fut quelques jours au lit, soit de chagrin ou des coups qu’il avoit reçus : & sentant, mais un peu tard, que son esprit jaloux lui avoit fait faire une sottise ; aimant d’ailleurs sa femme avec passion, trouvant, moyen en employant quelques amis, de la ravoir, il promit de n’être plus jaloux, & lui permit de faire tout ce qu’elle voudroit, à condition que ce seroit si secrètement & avec tant de précaution, qu’il n’en auroit aucune connoissance. […] Son esprit étant continuellement occupé, soit par son penchant naturel, soit par les réitérées sollicitations du cavalier, à chercher quelque expédient pour se voir, elle crut en avoir trouvé un. […] Il arriva enfin que Simone dormant, & le mari s’étant éveillé, & promenant ses pieds par le lit, rencontra le fil : & comme tout fait peur à des esprits prévenus, il ne douta point qu’il n’y eût du mystere ; mais il en fut entiérement persuadé, lorsqu’y ayant porté la main, il trouva qu’il étoit attaché aux gros doigt du pied de sa femme, & que sortant par la fenêtre, il descendoit dans la rue : il coupa doucement le fil, & se l’attacha au même endroit, pour voir ce qui en arriveroit.