/ 201
86. (1706) Addition à la Vie de Monsieur de Molière pp. 1-67

Sa fermeté paraît dans le temps que la Maison du Roi voulut se conserver le droit d’entrer à la Comédie sans payer. […] Peu attentifs à leur jeu, ils expriment souvent l’emportement, comme la tendresse ; le récit, comme le commandement : En un mot ils ne daignent pas sortir du ton qui leur est naturel pour entrer dans la passion. […] Je conviens qu’à la première lecture faite sans réflexion, on peut me reprendre sur cet article ; mais pour peu que l’on fasse attention que je n’ai rapporté ces petites particularités, que pour relever les grands traits qui les terminent, pour faire voir que Molière entrait dans le commun du commerce d’estime ou d’amitié, comme dans le plus sérieux : on ne me condamnera peut-être pas aussi sévèrement que l’a fait mon Censeur, qui tranche si fort du grand homme par la supériorité de ses expressions, que je doute que ses sentiments et sa conduite y répondent : mais il est peu d’accord avec lui-même : car tantôt il s’abaisse jusqu’à vouloir toute la Vie de Molière, il daignera la lire ; tantôt il n’en veut que les beaux traits, le reste le révolte ; tantôt il se déclare le Protecteur, le Panégyriste des Comédiens ; tantôt il ne veut point en entendre parler, ils sont au-dessous de lui.

/ 201