En effet, tantôt Philinte représente Alceste comme en pleine carrière de misanthropie, tantôt Alceste se donne lui-même comme allant entrer dans cette carrière. […] A un certain degré de bouffonnerie, le comique n’a pas la même source qu’il avait auparavant ; il procède de l’imagination et non plus de l’observation et dès lors n’ayant plus la même valeur morale, ou plutôt n’en ayant plus aucune, il n’est ni moralisant ni démoralisant ; il est au point de vue moral neutre et inoffensif, et dans une étude sur Molière moraliste ou immoraliste, il ne faut pas faire entrer les Fourberies de Scapin. […] Le Malade imaginaire ne pouvait pas entrer dans la suite des idées de Rousseau songeant à Molière. […] Il l’a dit, et ce texte est très important : La comédie consiste à « entrer comme il faut dans le ridicule des hommes et à rendre agréablement sur le théâtre les défauts de tout le monde » et « il y faut plaisanter et faire rire les honnêtes gens ». […] De ce que la comédie est pour faire rire, et de ce que le vice n’est pas risible, et de ce qu’à le rendre risible on le diminue, on le dégrade et on le dénature, il s’ensuit que la comédie ne doit guère s’attaquer qu’aux travers, qu’aux ridicules, qu’aux défauts, sans aller plus loin : « Entrer dans le ridicule des hommes et rendre agréablement les défauts de tout le monde. » Ce qui manque peut-être au XVIIe siècle, c’est la comédie sérieuse, c’est le drame sous un nom ou sous un autre.