Boccace et d’Ouville en ont fourni les situations principales ; mais ce qu’on emprunte d’un conte diminue seulement le mérite de l’invention sans ôter rien au mérite de l’ensemble dramatique, dont la difficulté est sans comparaison plus grande. […] Ce vieux canevas était originaire d’Espagne, où il avait fait une grande fortune, et il était bien juste qu’un peuple qui voyait avec édification la Vierge et les diables danser ensemble, et les sept sacrements en ballet, vit avec une sainte terreur marcher une statue sur la scène, et l’enfer s’ouvrir pour engloutir un athée. […] S’il ne versifia point l’Avare, c’est qu’il n’en eut pas le temps; car il était obligé de s’occuper, non seulement de sa gloire particulière, mais aussi des intérêts de sa troupe, dont il était le père plutôt que le chef, et il fallait concilier sans cesse deux choses qui ne vont pas toujours ensemble, l’honneur et le profit.