Liconide, qui a violé la fille d’Euclion, qui lui a fait un enfant, paroît : il voit le désespoir du vieillard, croit en être la cause, lui avoue qu’il est coupable, mais qu’un Dieu a causé son crime. […] Quant aux scrupules que vous avez, votre pere lui-même ne prend que trop de soin de vous justifier à tout le monde ; & l’excès de son avarice, & la maniere austere dont il vit avec ses enfants, pourroient autoriser des choses plus étranges. […] Euclion ne redoute pas, comme Harpagon, ses propres enfants ; il ne laisse pas manquer sa fille même des choses les plus nécessaires, & ne l’oblige point par-là à chercher quelque consolation dans les bras d’un homme à qui elle s’unit secrètement ; il n’engage pas aussi son fils, par le même esprit d’avarice, à puiser des secours ruineux dans la bourse des usuriers ; il n’exhorte pas ce fils à placer à honnête intérêt, c’est-à-dire au denier douze, l’argent qu’il gagne au jeu. […] Pour toi je me suis fait détester toute ma vie de mes voisins, de mes parents, de ma femme, de mes enfants, &, pour ma récompense, j’aurai la douleur mortelle de me séparer de toi !