Il en eut d’autres, qui furent la comédie de sa vie, comme celui-là en fut, pour ainsi dire, le drame. […] Elle y réussit, comme partout ; et, de même que les imitations en italien n’avaient pas tardé à se faire jour auprès du drame espagnol, on voit bientôt des imitations françaises surgir et graviter autour de la pièce italienne. […] Ce qui put, entre autres choses, le presser de donner sur son théâtre, à sa manière — et vous savez si ce fut la bonne — une imitation du drame de Tirso de Molina, c’est le désir qu’il avait alors de plaire à la reine-mère, que de pareils emprunts flattaient dans sa vanité de Castillane. […] De notre temps, si quelque Chatterton incompris, après s’être dérangé de la vie bourgeoise pour se jeter dans la littérature dramatique, avait à subir ces arrogances boutiquières, dont l’ennui viendrait ajouter pour lui aux autres épreuves du métier, soyez sûr qu’il ne verrait là matière qu’à quelque gros drame vengeur, où sa colère déborderait en pathos. […] Le don Juan de Tirso de Molina est un athée, et c’est comme tel, qu’il est foudroyé à la fin du drame ; mais Molière, qui en était venu à considérer l’athéisme comme quelque chose de moins odieux que l’hypocrisie, pensa qu’en donnant ce dernier vice à don Juan pour comble de dépravation morale, il le ferait plus digne encore du céleste châtiment ; et c’est donc après ses momeries de fausse dévotion, qu’il lança sur lui la foudre.