Molière et le Tartuffe m’ont conduit à envisager la moralité générale de l’art dramatique. […] Bonald, dégonflant d’un trait le fastueux ballon de la morale dramatique, dit avec son grand sens : « Le théâtre corrige les manières et corrompt les mœurs. » Quoique Molière, qui n’avait pas d’aversion pour l’hypocrisie philosophique, ait parlé plus d’une fois dans ses préfaces de l’efficacité du théâtre pour épurer les mœurs, on doit reconnaître qu’il a toujours su parfaitement à quoi s’en tenir sur cette promesse de l’affiche et n’a pris aucun soin de paraître la réaliser. […] A moins d’être un amusement puéril et indigne de la grandeur de l’esprit humain, le poème dramatique doit offrir un abrégé de la vie humaine ; il doit se terminer toujours comme elle se terminera, par cet acte de discernement suprême, où d’accord avec le juge et avec les témoins, le méchant, non-seulement châtié, mais encore convaincu, confessera qu’il s’est volontairement, et au mépris de sa conscience, engagé dans l’abîme. […] Premièrement, ils ne gênent pas l’art dramatique et ils veulent bien que M. de Molière joue les dévots, les médecins et les maris ! […] C’est là que Molière avait aspiré au commencement, comme tous ceux qui sentent en eux le génie dramatique.