/ 156
3. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

La pièce tout entière est le plus fort et le plus ingénieux plaidoyer qui se puisse faire contre l’ignorance et contre la sotte prétention de vouloir, par la contrainte, triompher de doux instincts de la nature, qui réagissent d’autant plus violemment qu’on les comprime davantage, et dont une indulgente prudence peut seule modérer et diriger l’épanouissement. […] Cette douce figure d’Agnès a plus d’une sœur dans l’œuvre de Molière. […] Comme il prend plaisir à pénétrer et à révéler les doux secrets de ces jeunes cœurs s’entrouvrant aux plus tendres sentiments ! […] À ce propos de raccommodements, me sera-t-il permis de glisser ici un petit avis aux âmes trop susceptibles, afin qu’elles ne comptent pas outre mesure sur ces douces réparations. […] À côté de la piquante Célimène, Molière a placé la sincère Éliante, qu’il nous dépeint comme une jeune femme remplie d’agréments, mais douce d’humeur, droite de cœur et de jugement, modeste, indulgente et sage, possédant enfin ces qualités essentielles au bonheur, sur lesquelles prévalent trop souvent des dons plus brillants et moins solides.

/ 156