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118. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

M. de Montausier, renommé par une sincérité poussée si loin, qu’on le prit pour l’original du rôle du Misanthrope ; M. de Montausier, plus séduit par la physionomie douce et la taille noble de mademoiselle de Rambouillet que rebuté par les travers de son esprit, s’attacha à son char, et consentit à soupirer pendant quatorze ans avant d’obtenir d’elle le oui de l’hyménée. […] Fouquet, étonné de ce refus, brûla d’en connaître la cause ; il découvrit bientôt, par des agents secrets, les intelligences encore mystérieuses de Louis XIV et de cette femme, qui fit goûter à ce prince le bonheur si doux et si peu connu des rois d’être aimé pour soi-même. […] Rousseau, le dessein de déshonorer Molière ; et l’on doit bien plutôt en croire mademoiselle Poisson, actrice de la troupe du Palais-Royal, qui, ayant sur Grimarest l’avantage d’avoir vécu avec le grand homme dont elle parle, assure qu’il était complaisant et doux. […] Peu de jours après la première représentation du Médecin malgré lui, le président, se trouvant avec l’auteur applaudi chez le duc de Montausier, l’accusa au milieu d’un cercle nombreux de s’être approprié, sans en faire honneur à qui de droit, le couplet que chante Sganarelle : Qu’ils sont doux, Bouteille jolie, Qu’ils sont doux, Vos jolis glougloux ! […] Angélique étourdie et inconséquente, recevant les œillades et les billets doux d’un amant, acceptant ses offres galantes de service et ses rendez-vous nocturnes, n’est-elle pas un tableau aussi dangereux pour les femmes que la moralité adressée aux hommes peut être utile ?

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