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61. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

[*]Sganarelle, le sieur Molière ; Germino, le sieur de La Thorillière ; Dorimène, Mlle Du Parc ; Alcantor, le sieur Béjart ; Lycaste, le sieur de La Grange ; la première Bohémienne, Mlle Béjart ; la seconde Bohémienne, Mlle de Brie ; le premier Docteur, le sieur Brécourt ; le second Docteur, le sieur Du Croisy. […] Cette pièce si singulière Est de la façon de Molière, Dont l’esprit doublement docteur, Est aussi bien auteur qu’acteur, Et que l’on tient par excellence, De son temps le Plaute de France. […] Il faut tomber d’accord que s’il réussit mal à la comédie, il a quelque talent pour la farce, et quoiqu’il n’ait ni les rencontres de Gaultier Garguille, ni les impromptus de Turlupin, ni les bravoures du Capitan, ni la naïveté de Jodelet, ni la panse de Gros-Guillaume, ni la science du Docteur, il ne laisse pas de plaire quelquefois, et de divertir en son genre… Voilà, en peu de mots, ce que l’on peut dire de plus obligeant et de plus avantageux pour Molière ; et certes, s’il n’eût joué que les Précieuses, et s’il n’en eût voulu qu’aux petits pourpoints, et aux grands canons, il ne mériterait pas une censure publique, et ne se serait pas attiré l’indignation de toutes les personnes de piété. […]       Partisans du Festin de Pierre, Indignés de l’injuste guerre, Qu’un atrabilaire docteur, A fait à son célèbre auteur ; Je vous avertis qu’une plume, Artisane de maint volume, L’a défendu, mais du bel air, En un style énergique et clair, Et tout à fait, avec méthode, Sans citer Digeste, ni Code, Ne prenez pas Marc pour Renard, Car ici raillerie à part ; Et sans que personne s’offense, Ce n’est pas certaine défense, Qui depuis dix jours a paru, D’un auteur armé, non à cru, Qui carabinant, et peu ferme, Effleure à peine l’épiderme.

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