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105. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

L’infatigable curiosité de ce chercheur explorait les points les plus divers de notre histoire nationale, sans que la folle du logis cessât de hanter son cerveau de poète ; il savait l’y faire vivre en paix avec la raison et la science. […] A travers tant de figures diverses se dessinant sur les perspectives lointaines de nos annales, il en est une, demeurée colossale et dominante à l’horizon, qui, plus longtemps qu’aucune autre, captiva l’attention d’Édouard Fournier : c’est Molière. […] Elle en est si bien persuadée elle-même, que l’on voit bien qu’elle prend autant de divers tons qu’elle a de rôles différents. » Molière fit, à ses dépens, une étude complète de tous les tons divers de cette sirène, et ses comédies reçurent la confidence de ses épreuves. […] C’est surtout lorsqu’il était en présence d’un type aussi complexe, aussi divers que l’est don Juan, que Molière devait recourir à toutes les ressources qu’il trouvait dans cette dernière faculté de son génie. […] Rousseau, qui, par les souvenirs du monde qu’il fréquentait, avait été à même de connaître les diverses vicissitudes de cette comédie et ses transformations, ne trouvait rien à redire à ce dénouement : « Il ne pouvait, écrivait-il à M. de Chauvelin, être autrement, sans être mal », et il a certes bien raison.

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