Ces notes de Grimarest gardent, on le voit, ce je ne sais quoi de précis et de réaliste d’un fait divers quotidien. […] Ce sont ces séjours en province, l’étude qu’il faisait des mœurs, des traditions, des caractères et même du langage, des patois de la province, qui permirent à Molière de mettre au théâtre des types si divers de provinciaux, gentilshommes prétentieux comme M. de Sotenville, ou gens de peu, comme l’huissier Loyal de Tartuffe ou les paysannes de Pourceaugnac. […] Ces patois divers, ceux du Midi, ceux de la Flandre, ceux du Poitou ou du Limousin, étaient d’ailleurs familiers à Molière : on ne parodie guère que ce qu’on a étudié. […] Je m’étonne qu’avec cette connaissance approfondie des langages divers de nos provinces — patois dont la Convention devait abolir l’usage — Molière n’ait pas donné et les acteurs d’aujourd’hui ne songent pas, soit dit en passant, à rendre à M. de Pourceaugnac cet accent limousin, si spécial et si amusant. […] Mais je pense que l’idée de cette bouffonnerie date, au contraire, des premières années de la vie littéraire de Molière, et de ces journées de pérégrinations artistiques où il dut récolter tant de souvenirs et recueillir tant d’impressions diverses.