Dans Le Dépit amoureux, quand il s’agit d’exposer tous les événements autour desquels roule la pièce, le nœud de la pièce, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus important, de tout à fait nécessaire pour la conduite de tout le reste, enfin ce qui doit être fait clairement, Frosine fait une phrase de douze vers dont elle ne peut pas sortir, phrase où sont étrangement mélangés des incidents les plus divers, les plus abstrus et les plus forcés ; le forcé du style se joint au forcé de l’action pour jeter le spectateur dans une obscurité complète. […] Mais quelques transformations qu’ait subies notre langue, en quelques états divers qu’elle se soit trouvée aux différents siècles de notre histoire, naïve, grossière, polie et noble jusqu’à l’excès, ou subtile, ou tendue, ou relâchée, on ne l’a point vue faire défaut à la comédie ; celle-ci, sans paraître embarrassée de ces brusques métamorphoses, semblable à une plante robuste qui prospère sous tous les climats, et sous les climats les plus changeants, n’a cessé de produire des œuvres dignes d’être lues. […] Quand nous étudions l’histoire, l’éclat des événements politiques laisse notre vue obscurcie pour tout autre objet ; ce n’est que par le rapprochement laborieux de mille anecdotes diverses, par la recherche fatigante du détail, que nous parvenons à nous faire une idée, encore trop vague, de la vie intime d’un peuple. […] ALCIBIADE Je ne suis donc pas plus sage, Aspasie ; car sur un mot de ta bouche je conçois mille espérances ou mille craintes, mon cœur s’agite des émotions les plus diverses ; d’un mot tu me ravis, d’un mot tu me désoles. […] Les femmes, au contraire, ont une facilité merveilleuse à changer de costume et à s’approprier les mœurs les plus diverses.