Ce genre d’humour qui présente un personnage à la fois comme comique et comme digne d’affection, comme homme dont on se moque et que Ton aime, comme homme dont on rit et à qui l’on sourit est proprement anglais et se rencontre très souvent dans les auteurs anglais du xviiie et du xixe siècle. […] Dans le Au lecteur que Molière a écrit au sujet de cette petite pièce il y a un mot bien digne de considération : « … On sait bien que les comédies ne sont faites que pour être jouées ; et je ne conseille de lire celle-ci qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre», Cela intimide ; car ces personnes sont rares. […] Je ne comprends pas Voltaire disant à propos de Monsieur de Pourceaugnac — à propos de toute autre pièce de Molière je comprendrais fort bien qu’il le dît — « Il y a dans toutes les farces de Molière des scènes dignes de la haute comédie ; un homme supérieur, quand il badine, ne peut s’empêcher de badiner avec esprit. » Il m’est impossible de voir dans Monsieur de Pourceaugnac ni scènes dignes de la haute comédie, ni badinage spirituel, ni même badinage et c’est baladinage qu’il faudrait dire. […] — Myrtil, si digne d’envie, Me chérit plus que le jour, Et moi je perdrais la vie- Pour lui montrer mon amour. […] Pourquoi voulez-vous, dis-je, en prenant une femme, Qu’on soit digne, à son choix, de louange ou de blâme, Et qu’on s’aille former un monstre plein d’effroi De l’affront que nous fait son manquement de foi ?