Les trois premiers actes, en effet (mettant à part cette différence d’étendue, qui est le moindre des défauts), sont égaux, en leur genre, à tout ce que Molière a composé de plus parfait ; et, si les deux derniers sont une farce plus folle que plaisante, c’est que les ordres du Roi ne laissèrent pas au poète le temps de finir ainsi qu’il avait commencé, ou peut-être que la destination particulière du spectacle le contraignit de terminer par un de ces divertissements de danse et de musique, qu’il est si difficile de faire sortir naturellement d’une véritable action comique. […] Ce mouvement d’ascension, que l’on croirait particulier au nôtre, et en vertu duquel tous les parents, dans les classes inférieures, donnent à leurs enfants une éducation supérieure à celle qu’ils ont reçue, pour les rendre capables d’une profession plus élevée que celle qu’ils exercent, ce mouvement existait déjà sans doute, quoique beaucoup moins fort ; et l’on dirait que Molière en a voulu marquer les progrès naissants, lorsqu’il a donné à tous les enfants, sur tous les pères, cette espèce de prééminence intellectuelle, dont il serait difficile d’assigner autrement la cause. […] Ce qui se passait dans les mystères ne pouvait être divulgué sans crime : c’est par là que l’auteur de la dissertation explique ce silence absolu, difficile à exprimer autrement, que jusqu’au siècle d’Apulée, les écrivains, surtout les poètes de la Grèce et de Rome, ont gardé sur les aventures si poétiques de Psyché. […] Ses dupes manquent d’esprit, sans doute ; mais elles ont une passion qui leur en tient lieu : tirer de l’argent de deux avares est peut-être plus difficile que de tromper dix aigrefins.