Il y en a eu trois versions différentes. […] Molière, lui, continue à plaider par d’autres pièces ; l’année fuit, puis l’année suivante, sans que le roi donne suite à ses promesses ; enfin, après Amphytrion, après Georges Dandin, après l’Avare, sans qu’on sache comment ni pourquoi, le roi autorise la reprise de l’œuvre, et sous son vrai nom, signe de victoire ; et le 5 février 1669, Molière joue Tartuffe, un Tartuffe peu différent du Panulphe de 1667, néanmoins retouché encore ; la pièce va aux nues ; on s’y écrase, le comédien l’emporte et l’Église ne le ressaisira que mort. […] Cette hypothèse, c’est que Molière avait sinon achevé, du moins ébauché ses deux derniers actes, mais que ces deux actes n’étaient pas ceux que nous possédons ; que le dénouement était tout différent ; que Je roi n’intervenait pas. […] Je ne pousserai pas plus loin l’analyse ; le cinquième acte, d’ailleurs, est l’acte fait après coup en vue de gagner Louis XIV et de rallier les vrais dévots ; plein de choses admirables, mais d’altérations évidentes à la physionomie du héros, qui y devient on ne sait quel traître de mélodrame, fort différent dans ses noirceurs du Tartuffe à l’oreille fleurie que nous ont présenté les premiers actes.