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172. (1900) Molière pp. -283

Je ne donne pas raison à toutes les critiques de madame Riccoboni, de Fénelon, de Bourdaloue, de Jean-Jacques Rousseau, ce n’est pas mon dessein, mais je m’abrite derrière ces autorités pour faire d’autres critiques qu’elles n’ont pas connues. […] Ainsi, dans nos desseins l’une à l’autre contraire, Nous saurons toutes deux imiter notre mère ; Vous, du côté de l’âme et des nobles désirs, Moi, du côté des sens et des grossiers plaisirs ; Vous, aux productions d’esprit et de lumière, Moi, dans celles, ma sœur, qui sont de la matière25. […] Je reviens à Molière : ce qui explique, sans les justifier, les vivacités de la guerre qu’il établit dans son théâtre entre les pères et les enfants, en ayant soin de mettre toujours les spectateurs du côté des enfants, quoique ceux-ci ne fassent pas toujours de très bonnes choses, c’est le dessein prémédité qu’il a suivi de combattre les excès de l’autorité paternelle. […] Rousseau se passe toujours la fantaisie d’une petite ou énorme contradiction, dans cette même lettre où Rousseau interdit aux femmes les spectacles par la raison que les femmes ne vont au spectacle que pour s’y montrer, il leur permet, leur recommande, leur impose par décret d’État, un autre genre de distraction évidemment tout à fait innocent, dénué de péril, où l’on ne saurait apporter aucun dessein de coquetterie : le bal ; car il paraît que les femmes, qui ne vont au spectacle que pour s’y montrer, vont au bal pour ne pas s’y laisser voir.

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