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96. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Une seconde bonne fortune ne fut pas moins miraculeuse : une femme du monde qui ne veut pas être nommée, mais qui est bien connue, m’a donné huit portraits quelle suppose venir de la fille de Molière : la dame en question habite un petit château non loin de Saint-Germain ; elle sait par tradition que ce château a été meublé avec le mobilier vendu à la mort de M. de Montalant, mari et héritier de la fille de Molière, qui était allée mourir, comme on sait, à Argenteuil. […] La pièce se termine par cette conclusion inattendue : Ainsi parla Cléandre, et ses maux se passèrent, Son feu s’évanouit, ses déplaisirs cessèrent ; Il vécut sans la dame et vécut sans ennui. Comme la dame ailleurs se divertit sans lui8… Mais si la dame ailleurs se divertit sans lui, Pierre Corneille ne put vivre sans elle ; aussi joua-t-il un tour de Normand à son ami Molière et lui enleva — malheureusement en tout bien tout honneur — la Du Parc pour le théâtre du Marais où il lui donna le rôle de Jocaste. […] J’ai vu le temps où l’on ne tenait dans les mêmes lieux que de la bière et de la simple tisane, sans distinction de romaine ni de citronnée ; mais tout va en ce monde de mieux en mieux, et, de quelque côté qu’on se tourne, Paris ne fut jamais si beau ni si pompeux qu’il est aujourd’hui. » Paris est de plus en plus pompeux, mais je doute qu’en voyant aujourd’hui les dames de comptoir dans les théâtres, où d’ailleurs les comptoirs sont fort dédaignés, Chappuseau ne regrettât avec mélancolie les belles « distributrices » de liqueurs et autres délices non pareilles qui s’épanouissaient â leurs boutiques tout auréolées par l’éclat de leurs girandoles.

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