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71. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

N’ayant eux-mêmes aucune pudeur, ils courtisent l’épouse tout en cherchant à épouser la fille ; ne croyant pas à la vertu de la femme, ils lui font, pour une simple fantaisie, des déclarations sans aucune retenue, employant, pour la séduire, même le jargon de la dévotion si elle est dévote. […] Ce sont les poètes et les dévots. […] Si Tartuffe est le véritable antidote de la fausse dévotion, il y a vraiment de quoi s’étonner que ce ne soient pas les vrais dévots qui aient demandé la représentation de cette comédie. » En premier lieu, ce serait une erreur que de supposer que l’exposition de l’hypocrisie puisse jamais être un antidote contre quoi que ce soit, qu’elle puisse empêcher les pervers d’adopter ce moyen quand ils sont aptes à l’employer. […] En second lieu, bien que les personnes pieuses détestent, à n’en pas douter, les faux dévots, qui certainement les compromettent, il n’est pas moins vrai que la représentation de Tartuffe ne leur sera jamais agréable, par la raison que, l’homme étant porté à juger du particulier au général, on sait très bien que les passionnés irréligieux feront toujours retomber sur tout le corps des hommes religieux les fautes d’un seul de ses membres, et même les fautes des hypocrites qui, pour mieux tromper, feignent d’appartenir à ce corps.

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