Si bien qu’à mon tour il m’a pris envie de vous raconter cette bataille, une des plus hardies, qu’ait livrées Molière, et de laquelle date cette grande campagne contre les dévots, que, tout mort qu’il est, — pas si mort que ses adversaires le voudraient bien, — il poursuit encore aujourd’hui, grâce à Tartufe. […] Le troisième, acte le laisse en cet état, sur le point d’entrer chez Agnès, pour voir sa contenance après un trait si noir. — Et le bruit reprend de plus belle, du parterre aux galeries ; la division se marque plus fort que jamais, entré le commun publie, ravi des amours d’Agnès et passionnément désireux de savoir comment elle échappera à son bec-cornu, et le beau mondé, mêlé d’auteurs et de dévots, qui crie au scandale et invoque Dieu et les sergents, — d’autant plus altérés.que le succès se prononce et qu’ils.sentent Molière, auteur et acteur, tout près de gagner la partie. […] Les auteurs s’indignent au nom des règles, les dévots au nom de la morale ; les uns invoquent Aristote, les autres citent les Pères de l’Église, et le traité des spectacles de saint Cyprien, et la première catéchère mystagogique de saint Cyrille. […] Les précieuses, appuyées des auteurs et des comédiens, essayaient leur revanche ; et les dévots se mirent de la partie ; sous l’étincelante cour du jeune roi, ils creusaient déjà les sapes par où ils devaient plus tard s’introduire dans la place.