Depuis 1664, cette pièce avait été arrêtée par la brigue des faux dévots, et Molière avait éprouvé à son sujet tout ce que la haine et la calomnie ont de plus furieux et de plus noir. […] Il fait supporter l’usure au fils même de l’Avare, en qui elle devient plus naturelle, que le Docteur qui n’est que dévot. […] Les faux dévots profitèrent de cette défense pour soulever Paris et la Cour contre la pièce et contre l’auteur. […] La raillerie fine de Dorine, dans la scène avec son maître, nous découvre Orgon tout entier, et nous prépare à reconnaître Tartuffe dans le portrait de l’hypocrite, que Cléante oppose à celui du vrai dévot. […] C’est aux vrais dévots que je veux partout me justifier sur la conduite de ma comédie ; et je les conjure, de tout mon cœur, de ne point condamner les choses, avant que de les voir ; de se défaire de toute prévention, et de ne point servir la passion de ceux dont les grimaces les déshonorent.