On accuse Moliere de se répéter quelquefois ; & on pense le prouver en disant que la belle scene du Tartufe, dans laquelle Valere se brouille & se raccommode avec Mariane, est tout-à-fait semblable à celle qui donne le titre à la comédie du Dépit amoureux. […] Mais si dans la scene du Dépit amoureux, le plaisant consiste à voir Eraste & Lucile, déja brouillés, protester de ne se parler plus, déchirer mutuellement leurs lettres, se rendre les petits présents qu’ils se sont faits, & se raccommoder tout-de-suite ; celle du Tartufe tire son comique d’une autre scene. […] J’ai entendu dire par plusieurs personnes que Moliere ne jugeant pas la piece du Dépit amoureux digne de rester au théâtre, & ne voulant point perdre sa plus belle scene, l’avoit transportée dans le Tartufe. […] Mariane elle-même, qui dans son dépit feint d’être bien aise que Valere sorte, ne ressemble-t-elle pas aussi à Blanche qui ne retient pas Don Diegue, parcequ’elle voit bien l’envie qu’il a de rester, & qu’elle veut d’ailleurs le punir de la querelle qu’il lui a faite très mal-à-propos ? […] Non, non, le dépit me domine.