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3. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXV. Du contraste des Caracteres. » pp. 386-397

Loin de croire que le contraste des caracteres soit nécessaire dans la comédie, je l’y crois un grand défaut ; & tout homme qui connoîtra l’art dramatique, sera certainement de cet avis. […] Mais le Spectateur ne sent-il pas ce défaut, sur-tout lorsque le caractere vicieux est principal, comme dans l’exemple que je viens de citer. […] des mœurs du temps mettons-nous moins en peine, Et faisons un peu grace à la nature humaine ; Ne l’examinons point dans la grande rigueur, Et voyons ses défauts avec quelque douceur. […] Oui, je vois ces défauts dont votre ame murmure, Comme vices unis à l’humaine nature ; Et mon esprit enfin n’est pas plus offensé De voir un homme fourbe, injuste, intéressé, Que de voir des vautours affamés de carnage, Des singes malfaisants & des loups pleins de rage. […] L’éloquence, la fermeté, ou la vigueur qu’on y ajouteroit, éblouiroit peut-être tout-de-suite, mais seroit réellement un défaut aux yeux des Connoisseurs, puisqu’elle défigureroit le caractere de Philinte, du moins si je l’ai bien vu.

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