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22. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

Les artistes de l’un & de l’autre genre ont les mêmes défauts à éviter ; les mêmes beautés peuvent éclore & se développer sous leurs doigts : l’étude de la nature, l’habitude de la copier, sont les seules routes qui menent les uns & les autres à la célébrité. […] Il ne suffit pas que l’entr’acte soit employé à quelque chose ; la chose que font les acteurs dans l’entr’acte doit encore, de toute nécessité, tenir & servir à la machine générale ; sinon c’est un défaut essentiel. […] Est-ce pour nous faire voir plus sensiblement le défaut ? […] Je crois premiérement, que pendant cet entr’acte le spectateur ne devroit pas être occupé de la santé d’Eugénie, mais de la vengeance que son frere a projettée, & de ses suites ; en second lieu, ce que j’ai dit contre l’entr’acte précédent peut fort bien s’appliquer à celui-ci, auquel je trouve plus de défauts que dans tous les autres, puisqu’il peche davantage contre la vraisemblance. […] Je sais que les hommes, pour la plupart, abhorrent la critique la plus modérée, autant qu’ils idolâtrent la louange la plus outrée ; mais non ceux qui, comme l’ingénieux Auteur d’Eugénie, connoissent toutes les difficultés de leur art, & n’ignorent pas que les auteurs les plus parfaits ont de très grands défauts mêlés à ces mêmes beautés qui leur assurent l’immortalité.

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