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144. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

Il est en tête de la troupe ; il prend la plus grosse part de responsabilité, et subit les plus graves conséquences de la défaite, défaite d’autant plus cruelle qu’elle avait la famille pour témoin, et qu’il dut, en somme, pour se tirer d’affaires, recourir à son père Jean Poquelin, qui du reste ne lui fit pas défaut. […] Ils n’ont pas même un défaut dont il ne profite quelquefois, et il rend originaux ceux-là même qui sembleraient devoir gâter son théâtre. […] Il utilise les qualités, les défauts, les passions même de chacun de ses compagnons, et il leur donne ainsi une valeur qu’ils n’auraient pas eue sans lui, et qu’ils perdent lorsqu’ils le quittent. […] On a tort, encore une fois, de s’armer en guerre contre ces traditions, ces sortes de légendes qui, dans la biographie de Molière, suppléent aux faits positifs et aux documents qui font défaut. […] Car, enfin, je trouve qu’il est bien plus aisé de se guinder sur de grands sentiments, de braver en vers la fortune, accuser les destins et dire des injures aux dieux, que d’entrer comme il faut dans le ridicule des hommes, et de rendre agréablement sur le théâtre les défauts de tout le monde.

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